Sans prétendre parler pour toutes, mais à partir de mon expérience personnelle, les femmes artistes ne sont pas épargnées par les codes biaisés d’une société encore largement façonnée par des réflexes masculins. Déjà confrontées à la difficulté de vivre de leur art, elles doivent aussi composer avec la surreprésentation masculine dans les galeries et lieux prestigieux, l’exclusion des jurys et réseaux d’influence, la double charge de création artistique et de vie de famille, les déplacements en solitaire pour tout gérer, l’image dévalorisante de “femme de province à l’accent du Sud Ouest” accueilli avec condescendance par une certaine « classe », et, à l’inverse, affronter les regards insistants, intrusifs et dégradants de certains galeristes ou hommes en position de pouvoir.

Sans compter la plus lourde des charges : l’instabilité d’années imprévisibles, à devoir, dans un métier où l’on ne sait jamais ce que demain sera, assumer les dépenses, veiller au bien-être des enfants, et faire face aux échéances, même lorsque les rentrées ne sont pas à la hauteur des sorties… 

« Aujourd’hui, je mesure le chemin parcouru et ce qu’il reste à accomplir car rien ne s’arrête jamais… Faire partie des rares artistes à vivre de leur art est déjà un pari audacieux, surtout quand on est une femme sans réseau, venant du fin fond du Lot et Garonne, et issue d’un milieu où l’art est vu comme un loisir plutôt qu’un métier.
Je remercie  les ami(e)s de toujours pour leur soutien, je remercie tout particulièrement Paul pour avoir cru en moi dès les premiers jours, Bertrand pour la chaleur de sa présence et de son indéfectible disponibilité, mes enfants pour avoir dû supporter une mère artiste…Je vous Aime toutes et tous…

Pour conclure je citerai Marguerite Yourcenar, première femme élue à l’Académie française :

« Il faut toujours un coup de folie, pour bâtir un destin»
Contre toutes attentes,  j’ai eu la folie d’y croire…et j’ai eu raison…